À Venise, une ordonnance municipale interdit la circulation des bicyclettes, même pliantes, sur l’ensemble du centre historique. Les voitures, quant à elles, restent bloquées sur le continent depuis 1933. Pourtant, la majorité des déplacements quotidiens des résidents ne s’effectuent pas à bord des célèbres gondoles.
En 2025, la réglementation sur la navigation urbaine a encore évolué, renforçant certaines contraintes pour les embarcations motorisées et instaurant de nouvelles priorités pour les transports collectifs. Ces mesures visent à répondre à la pression touristique croissante et à améliorer la qualité de vie des habitants, tout en réduisant l’empreinte environnementale de la mobilité locale.
Venise, une ville sans voitures : comment les habitants se déplacent au quotidien
Dans le centre historique, parler de circulation automobile n’a plus aucun sens. Ici, l’asphalte cède la place à des ruelles tortueuses, à des ponts qui enjambent l’eau, à une vie rythmée par les pas, les charriots des livreurs et les allées et venues sur les canaux. Le quotidien vénitien se construit autour de cette organisation singulière : à la sortie de la gare Santa Lucia, les citadins se retrouvent happés par le Grand Canal, point de départ d’un ballet urbain unique.
Pour se déplacer, les options principales s’imposent d’elles-mêmes :
- À pied : la marche s’impose comme réflexe naturel, encouragée par l’étroitesse du tissu urbain et l’absence totale de circulation motorisée.
- Vaporetto : ces bateaux-bus gérés par l’ACTV relient les quartiers, desservent les îles comme Murano, Burano ou le Lido, et s’arrêtent sur tous les points stratégiques de la ville.
- Traghetto : plus rares mais toujours présents, ces bacs traditionnels permettent de traverser le Grand Canal là où le pont le plus proche se fait attendre.
Le vaporetto s’est hissé au rang de colonne vertébrale de la mobilité lagunaire. Les habitants bénéficient de pass dédiés, tandis que les visiteurs jonglent avec les city pass pour simplifier leurs trajets. En 2025, la cadence des lignes majeures s’est encore accélérée, reflet de la poussée démographique et touristique. Quelques repères s’imposent : la ligne 1 offre une traversée complète du Grand Canal, la ligne 2 se veut plus rapide, idéale pour les trajets express, et aux heures de pointe, la densité entre la gare Santa Lucia et la piazzale Roma atteint son apogée.
Quels sont les moyens de transport les plus utilisés en 2025 ?
À Venise, le choix du transport ne relève jamais du hasard. Pour relier la piazzale Roma à la place Saint-Marc, il faut composer avec la configuration des lieux, mais aussi avec une certaine vision du quotidien local. En 2025, le vaporetto, piloté par l’ACTV, règne sans partage. Ce bateau-bus sillonne le Grand Canal, relie les quartiers, dessert Murano, Burano, le Lido. Sa fréquentation explose grâce à une politique de city pass adaptée aussi bien aux résidents qu’aux voyageurs aguerris.
Le train complète ce dispositif. Véritable cordon ombilical entre la lagune et la terre ferme, la gare de Santa Lucia voit défiler chaque jour navetteurs, touristes, globe-trotteurs venus de toute l’Europe. Les liaisons nocturnes, les combinaisons train-avion, tout converge ici, confirmant le statut de Venise comme carrefour européen.
Voici les solutions privilégiées pour traverser la ville ou rejoindre la lagune :
- Vaporetto : principal outil de déplacement urbain, rapide, accessible, difficilement contournable.
- Train : porte d’entrée idéale depuis le continent et au-delà.
- Pass ACTV/City pass : stratégie adoptée massivement pour faciliter les trajets et alléger la facture.
Cette mosaïque de moyens de transport donne à Venise une dynamique unique : des quais animés, des familles profitant des traversées, des navettes qui filent sur l’eau, des passagers debout guettant la prochaine escale. La ville continue d’inventer sa mobilité, en marge des schémas traditionnels, fidèle à son identité fragile.
Réglementations récentes : quel impact sur la navigation et la vie locale ?
L’exercice d’équilibriste entre accueil touristique et préservation du centre historique n’a jamais été aussi subtil. Début 2025, de nouvelles règles sont venues bouleverser le quotidien des usagers. Les vaporetti doivent désormais respecter des limitations de vitesse plus strictes, particulièrement sur le Grand Canal et autour de la piazzale Roma. Objectif : limiter l’érosion des berges, mais aussi adoucir le paysage sonore pour les riverains.
Le nombre de bateaux autorisés en même temps a été revu à la baisse, forçant ACTV et opérateurs privés à repenser fréquences et horaires. Les files d’attente s’allongent aux périodes d’affluence, mais les ruelles du centre retrouvent par endroits leur calme. Pour les habitants, cette accalmie contraste vivement avec les pics touristiques de l’été.
Autre évolution : la limitation des pass journaliers et une tarification encourageant les séjours longs. L’idée est claire : ralentir le flux touristique de masse, encourager un tourisme plus posé, plus attentif. Les professionnels du secteur s’adaptent, certains félicitent la démarche, d’autres s’interrogent sur leur visibilité. La vie locale trouve de nouveaux repères, la municipalité publie régulièrement des infos pratiques pour guider les résidents comme les visiteurs dans ce nouveau contexte.
Mobilité durable à Venise : initiatives et défis pour préserver la lagune
La préservation de la lagune de Venise n’est plus négociable. Pour faire face au tourisme massif et à la hausse du trafic, la ville accélère sa transition. Sur le Grand Canal, les vaporetti hybrides ou électriques remplacent peu à peu la vieille flotte diesel. L’ACTV investit dans la modernisation, avec des objectifs clairs : réduire les émissions, limiter le bruit, protéger le cœur historique.
Les accès se régulent davantage. Après une phase de test en 2024, les quotas de pass journaliers sont étendus aux lignes pour Murano, Burano ou le Lido. Les effets sont déjà palpables : la circulation se fluidifie, les berges respirent, les résidents profitent d’un environnement apaisé. Pour les visiteurs, cela implique de mieux préparer leurs déplacements, d’anticiper davantage.
Plusieurs actions concrètes accompagnent cette mutation :
- Déploiement de bornes de recharge pour les embarcations électriques
- Partenariats renforcés entre ACTV et fournisseurs d’énergie renouvelable
- Campagnes de sensibilisation ciblant les opérateurs privés
La lagune n’en reste pas moins vulnérable. Les spécialistes rappellent la nécessité d’un suivi constant. Chacune de ces initiatives, qu’il s’agisse de relier le centre historique, le palais des doges ou la bibliothèque marciana, dessine un nouveau visage pour la ville. À Venise, chaque déplacement devient un acte d’équilibre, une négociation entre ouverture et protection, entre accueil et sauvegarde. Voilà une cité qui refuse de choisir entre son passé et son avenir, et qui, chaque jour, invente sa propre manière de traverser le temps.


